Bienvenue dans cet espace, où je partage mes connaissances, telles qu'elles viennent au gré de mes découvertes.

Ce seront principalement des questions touchant sur le Japon qui seront probablement traitées, bien que je ne puisse savoir, dans le futur, ce qu'il en sera vraiment.

10 novembre 2010

Poupées et stop-motion

La nuit dernière, à la recherche de je-ne-sais-plus quoi sur la plateforme Youtube, je me suis retrouvée, comme souvent dans ces cas là, à aller d'une vidéo à une autre, perdue à mon but premier par la promesse de connaissances dans un Art que je connais très peu, le bunraku (文楽), l'une des formes de théâtre classique japonais, née au XVIIème siècle, dans laquelle les acteurs humains sont remplacés par des marionnettes, dont la taille varie entre 120 et 150 centimètres. Les marionnettistes, trois pour chaque poupée, se déplacent sur scène habillés de vêtements noirs représentant leur invisibilité (cette convention visuelle provient du kabuki).


Ce n'est en réalité pas le sujet du présent billet, mais cette rapide déviation de mon sujet principal permet de mettre en place la situation dans laquelle j'étais alors. Après avoir regardé avec intérêt différentes vidéos explicatives du fonctionnement des poupées de bunraku, j'ai été attirée par le titre de l'une des suggestions, House of Fire




Cette vidéo était en réalité l'une des oeuvre d'un maître décédé il y a peu, Kawamoto Kihachiro (川本喜八郎), réalisée en 1979. Ce grand homme semble avoir été, depuis sa plus tendre enfance, passionné par la création de marionnettes et de poupées. Après avoir vu les travaux de Jiri Trnka, il se tourna vers l'animation en stop-motion en utilisant des poupées. Il créa en 1958 un studio d'animation (Shiba Production), mais ce n'est qu'à la fin des années 1960 qu'il a commencé à exprimer la totalité de son talent dans des court-métrages d'une beauté et d'une poésie vacillant entre la perfection et quelque chose de bizarrement dérangé.


Son univers est très particulier, une atmosphère venant probablement de l'utilisation de ces poupées à la beauté de plastique. Le mélange de stop-motion et d'animation dessinée, et l'utilisation d'un narrateur unique, donnent un effet vacillant entre onirique et psychédélique. Les scénarios même sont dérangeants, les thèmes étranges, déstabilisants. Il a utilisé la richesse de sa propre culture pour créer son univers, mais il n'a pas pour autant dénigré les contes occidentaux, tel sa version de La Belle au bois dormant, réalisée dans les années 1990. A dire vrai, dans chacune de ses oeuvre, l'animation est tellement parfaite qu'il est difficile de croire que ce soit en stop-motion.